Le Moyen Âge a marqué la transition de la scriptio continua, où les lettres étaient écrites de manière ininterrompue sur la page, vers une division canonique en mots individuels séparés par des espaces. Cette évolution est particulièrement significative dans les langues vernaculaires, où les expérimentations scribales avec les espacements entre les mots peuvent être considérées comme ayant contribué à l’émergence du mot en tant qu’unité de discours distincte. Cependant, la perception des paléographes reste influencée par leur interprétation du sens du texte, ce qui limite leur objectivité dans l’analyse de l’emplacement et des dimensions des espacements entre les mots. Dans ce contexte, notre projet vise à exploiter la vision artificielle pour mesurer, avec une précision scientifique inédite, les espaces entre les lettres et entre les mots dans les manuscrits médiévaux, en développant un ensemble de protocoles standardisés pour analyser et enregistrer ces données, qui seront intégrés au sein du portail Biblissima. Les études de cas portent sur des manuscrits en latin, en vieil anglais et en ancien français, en tant que comparandum vernaculaire, datant du IXᵉ au XIIIᵉ siècle.

Oxford, Bodleian Library, Hatton 116, p. 381 (detail)